L’anticipation du plaisir, la clé de la motivation

Par Jean Fils-Aimé, Ph.D.

Est-il des jours où l’on est moins motivé qu’un autre à se rendre au travail ? La réponse à cette question semble aller de soi. Bien sûr que oui, pensons-nous unanimement tout bas. Par contre, il est des matins où pour rien au monde nous ne sommes prêts à rester à la maison. En ces matins-là, nous débordons d’énergie. Nous irradions d’enthousiasme. À peine arrivons-nous au bureau que nous sommes prêts à relever les défis. Nous sommes alors d’attaque ! Nous sommes pour ainsi dire consumés par le feu de Prométhée, si bien que, comme Atlas dans la mythologie grecque, nous nous estimons en mesure de porter le monde sur nos épaules.

Alors, la question est la suivante: d’où vient que nous soyons motivés à accomplir une œuvre un certain jour et démotivés à la faire un autre jour ? Y a-t-il un temps plus propice à la motivation qu’un autre ? Serions-nous plus motivés en été qu’en hiver à travailler ? Ou serait-ce le contraire ? Par exemple, un temps maussade ou un ciel grisâtre a-t-il un impact sur le moral de l’ouvrier ? Voilà un simple échantillon des questions auxquelles les psychologues de la motivation et les sociologues du travail s’échinent !

Or, les statistiques de la gestion de l’absentéisme révèlent que le taux d’absence des employés est plus élevé à certaines périodes de l’année qu’à d’autres. Il est des matins où la plupart des employés semblent s’entendre pour appeler le chef de département afin de lui annoncer qu’ils ont la grippe, ou que les enfants sont malades, ou que l’auto ne démarre pas, ou qu’ils ont rendez-vous chez le médecin… Et blablabla…

Du point de vue de la psychologie, la motivation est « cette force mystérieuse ou ce processus énergétique qui active, canalise, influence et dirige le comportement humain vers un but déterminé ». Les Jeux olympiques nous offrent de multiples illustrations de ce qu’est la motivation. Pensez-y ! Pendant des années, des athlètes se soumettent à des exercices titanesques. Ils acceptent de cœur des privations de toutes sortes (diététiques, familiales, sociales, pour ne citer que celles-là). Toutes leurs ressources, leurs forces sont canalisées vers un seul rêve : celui de participer aux Jeux. Leurs comportements sont alors dirigés vers un seul but : celui de remporter une médaille. Grâce à cette mystérieuse énergie, aucun sacrifice ne paraît trop grand, ni un prix trop élevé. Dois-je rappeler qu’entre les camps d’entraînement et les fameux Jeux, les athlètes se sont blessés, ils se sont cassé des jambes…Et pourtant, rien n’a refroidi leur ardeur ! Décidément, la motivation fait des miracles !

Or, la question de la motivation remonte à la nuit des temps. Les philosophes les plus lointains s’y sont longuement intéressés. Et dire que leurs théories sont encore défendables aujourd’hui ! Pour faire court, un obscur penseur grec du nom de Thrasymache disait que tout comportement est motivé soit par :

A– la recherche du plaisir

ou

B- l’évitement de la douleur.

Ceci est une vérité éternelle ! En ceci, nous ressemblons tous et toutes au chien de Ivan Petrovitch Pavlov : nous sommes démotivés, lorsque nous pronostiquons la douleur, la fatigue, l’ingratitude, le reproche, la perte de notre réputation, etc.

Cependant, nous sommes motivés, quand nous anticipons un plaisir ou un intérêt quelconque (argent, célébrité, notoriété, amitié, promotion, médaille, reconnaissance, liberté, etc.)

Il s’ensuit que la motivation est fondamentalement une question d’attitude face à la vie. Si nous savions anticiper le plaisir en tout, il répondrait présent à chaque fois.