Mon parcours, mes goûts, mes découvertes

Par Jean-Claude Lefebvre

En juillet 1986, alors que j’étais étudiant en éducation à l’université, j’ai commencé à travailler à temps plein à la Société des alcools du Québec. J’ai toujours conseillé les gens sur le vin, que ce soit pour les accords, les soirées entre amis, aider les gens à se constituer un cellier, une dégustation ou simplement pour un vin de tous les jours.

En avril 1989, je suis arrivé dans la région comme conseiller en vin à la SAQ de Rosemère. Le domaine du vin, ce divin nectar, m’a intéressé dès le début de ma carrière. J’ai eu l’occasion de suivre plusieurs formations œnologiques : vins français, du Nouveau Monde, de la péninsule ibérique, canadiens, etc. Encore aujourd’hui, je participe à de nombreuses formations et dégustations car
il est très important, dans ce domaine en constante évolution, de se tenir à jour.

Le domaine du vin est très diversifié, personne n’a jamais fini d’apprendre : plus
on s’y intéresse, plus on en découvre sur les mystères de l’encépagement, les techniques de vinification, de culture, de taille, d’élevage mais aussi de garde. De plus, avec les changements climatiques auxquels nous sommes entrain d’assister, il est plus que probable que le savoir-faire relié à chaque région vinicole devra s’adapter pour continuer à offrir des vins représentatifs de leurs traditions respectives.

Avec des amis, nous nous réunissons pour déguster des vins sur un thème régional, une verticale (mêmes vins sur plusieurs millésimes), un cépage en particulier que ce soit d’une même région, de pays ou de différentes nationalités à l’aveugle, semi-aveugle (on connaît les vins présents sans en savoir l’ordre).

Les possibilités sont infinies dans l’organisation d’une dégustation, il est important de laisser aller notre imagination.

Au Québec, les gens sont de plus en plus connaisseurs. C’est pourquoi, en tant que conseiller en vin à la SAQ de Rosemère, il me fait d’autant plus chaud au cœur lorsqu’un client revient me voir pour me dire que sa soirée fut une réussite grâce au vin que je lui ai suggéré.

Trouver un vin qui pourrait vieillir avec un bon rapport qualité-prix n’est pas chose facile. C’est pourquoi j’aimerais vous parler du Château Sociando-Mallet, un cru bourgeois du Haut-Médoc qui a été rendu à la vie par Jean Gautreau, un gentilhomme de la table et du vin. Depuis 1969, moment où il a repris cette propriété, il a littéralement, avec beaucoup de doigté, propulsé ce vin à de hauts niveaux. Sociando-Mallet est un vin avec beaucoup de générosité, une matière riche et une capacité de vieillissement hors du commun. Si vous avez le bonheur de posséder ce vin dans des millésimes récents, il est impératif de le mettre en cave afin qu’il vous dévoile un jour sa complexité et son élégance.

Son terroir de Graves exceptionnel situé tout près de Calon-Ségur à Saint-Estèphe et le travail extraordinaire de Jean Gautreau le font clairement se rapprocher des Seigneurs de Bordaux, en termes de qualité, de plaisir, de régularité et de capacité à traverser le temps. Ce vin est pour moi un inconditionnel que j’achète chaque année depuis plus de 15 ans !

Le millésime vendu actuellement à Rosemère, le 2007, est très intéressant de par sa capacité à s’ouvrir et présente quelques notes d’évolution sur du cassis, de la mûre, et le fin boisé typique aux Bordeaux. Prenez avec ce vin une pièce de viande rouge de votre goût et l’accord sera parfait.

Second vin à moindre coût, la Demoiselle de Sociando-Mallet, est sans nul doute, un petit bijou à avoir chez soi. Lors de mes voyages œnologiques en Europe, j’ai été amené à visiter plusieurs vignobles italiens dont la maison Antinori en Toscane. J’y ai découvert l’emplacement d’un vin que j’affecte tout particulièrement : le Marchese Antinori Chianti-Classico Riserva. Dernièrement, avec mes collègues, j’ai dégusté ce vin dans le millésime 1995 que j’avais gardé dans mon cellier depuis de nombreuses années. Il avait évolué à merveille.

On dénotait des saveurs de fruits confits ainsi que des notes de sous-bois et de champignons. C’était divin ! C’est à ce moment qu’on découvre l’utilité d’une cave à vin… Le millésime 2008 est d’ailleurs disponible présentement à la SAQ. Un Chianti qui saura sûrement vous plaire, à boire en jeunesse sur des viandes rouges saignantes ou sur des plats mijotés façon « chasseur ».

On ne termine jamais de découvrir les secrets du vin quand il nous fascine comme des enfants qui s’éveillent au monde. Se rappeler de savoureux souvenirs en dégustant un excellent vin qui nous a donné ou donne encore envie de refaire le monde avec nos amis sont des moments inoubliables.